Impact du diagnostic de lésions associées au Papillomavirus Humain (HPV) sur la sexualité féminine : étude qualitative

Abstract

Cette étude s’inscrit dans un projet plus large visant à évaluer l’impact sur la sexualité féminine d’un diagnostic de lésions associées au HPV. Pour ce faire, un volet quantitatif comparant la fonction sexuelle d’une population de femmes présentant une lésion liée au HPV, à celle d’une population sans lésion a été conçu. Lors de la récolte des données, les instigatrices principales ont décidé d’ajouter un complément qualitatif visant à approfondir la compréhension des données quantitatives. Elles ont ainsi mandaté la plateforme de soutien méthodologique en recherche qualitative, sous l’égide du CepiC, pour réaliser ce complément. Ce rapport expose le complément de recherche qualitatif.

Le HPV est une infection sexuellement transmissible très fréquente, puisqu’on estime qu’environ 80% des femmes sexuellement actives seront exposées au moins une fois dans leur vie à une telle infection. Cependant cette infection est, dans la majorité des cas, transitoire et ne génère que rarement des lésions. En effet, le virus disparaît dans 70% des cas après un an et, dans 90% des cas après deux ans. Seules les infections persistantes sont à l’origine d’une évolution vers un stade pré cancéreux et un cancer. Chaque année en Suisse, 5000 femmes font l’objet d’un diagnostic de lésions précancéreuses et 250 femmes développent un cancer du col utérin (OFSP, 2016).

Sur un plan psychologique, le diagnostic de lésions associées à HPV peut engendrer non seulement la crainte d’une potentielle maladie mortelle, mais également questionner la sexualité. En outre, les traitements associés (crème, laser ou conisation) sont longs et impliquent un suivi prolongé. Ils peuvent ainsi avoir des répercussions directes sur la sexualité, de par les douleurs qu’ils occasionnent ou les modalités du traitement limitant les rapports sexuels.

La revue de la littérature relève que les recherches réalisées à ce jour s’intéressent principalement au caractère virologique du HPV, au potentiel rôle d’une vaccination ou à son impact biologique. L’impact sur la sexualité est quant à lui souvent relégué à un objectif secondaire au profit des conséquences psychologiques générales telles que l’anxiété et la dépression. L’objectif de ce complément qualitatif est de saisir en profondeur le vécu psychosexuel des patientes ayant reçu un diagnostic de lésions associées au HPV afin d’en améliorer la prise en charge. Pour ce faire, deux groupes focalisés et quatre entretiens semi-structurés ont été réalisés avec des patientes (N=14) âgées de 22 à 59 ans.

Les données récoltées par le biais de ces deux méthodes ont souligné une méconnaissance des patientes face aux caractéristiques de l’infection, de son évolution, ainsi que des moyens de la dépister et de la traiter. Cette méconnaissance engendre de l’angoisse qui est renforcée par le dispositif actuel de prévention et de prise en charge médicale. De plus, un impact psychosexuel important pouvant entraver les patientes dans leur sexualité sur une longue période a été relevé. Des recommandations pour la consultation gynécologique visant à diminuer l’angoisse, mais également à mieux prendre en charge les dimensions psychosexuelles ont été formulées.