La cigarette électronique est une aide temporaire utile pour arrêter de fumer

L’utilisation de cigarettes électroniques pour aider les personnes fumeuses à arrêter de fumer fait l'objet d'un débat parmi les spécialistes de la lutte antitabac. Une étude d’Unisanté a permis d'identifier un grand nombre de consensus entre spécialistes du domaine: la cigarette électronique est considérée comme un outil d’aide à l’arrêt du tabac. Les personnes fumeuses devraient néanmoins, une fois l’arrêt du tabac consolidé, avoir comme objectif l’arrêt de la cigarette électronique.

La cigarette électronique (ou e-cigarette) permet l'administration de nicotine par le biais du vapotage: lorsque l'utilisateur inhale ou appuie sur un bouton, la batterie active l'élément chauffant, qui vaporise le e-liquide, créant ainsi un aérosol que l'utilisateur inhale. Ce processus permet de consommer de la nicotine sans utiliser de tabac.

En raison de l'absence de combustion de tabac et des effets nocifs qui y sont associés, les e-cigarettes exposent les utilisatrices et utilisateurs à des niveaux beaucoup plus faibles de substances chimiques toxiques. 

Cependant, les études sur l’utilisation de la e-cigarette se limitent encore aux effets à court terme sur la santé. Les essais cliniques évaluant la e-cigarette comme aide à l’arrêt du tabac ont montré que les effets indésirables les plus fréquemment rapportés étaient des irritations de la gorge et de la bouche, des maux de tête, de la toux et des nausées. Sur la base d'un petit nombre d'études et d'un suivi maximal de deux ans, aucun effet nocif grave lié à la e-cigarette contenant de la nicotine n'a été signalé.

Des experts francophones se mettent d’accord

L’utilisation de la e-cigarette pour l’arrêt du tabac fait ainsi encore l'objet d'un débat parmi les spécialistes de la lutte antitabac, tant au niveau national qu'international. Pour cette raison, la Société francophone de tabacologie (SFT) a demandé à Unisanté d'identifier les zones de consensus, au sein de ses membres expertes et experts, sur l'utilisation de la e-cigarette dans la prise en charge des personnes fumeuses.

Pour cette recherche, Unisanté a conduit un processus Delphi fast-track, une méthode développée récemment dans notre institution. Elle permet le développement rapide et la quantification de consensus entre expertes et experts d’un domaine.

Les résultats de l’étude ont été publiés en octobre 2025 dans la revue Archives of Public Health. L’étude est signée par Emmanuelle Lüthi, Camille Velarde Crézé, Luc Lebon, Isabelle Jacot-Sadowski, Karin Zürcher, Jacques Cornuz & Olivier Duperrex.

Huitante-sept membres de la Société francophone de tabacologie ont participé au processus mené sur une durée d’environ 6 semaines. De nombreux consensus ont effectivement pu être dégagés entre ces membres venant de France, de Belgique, de Suisse ou de Tunisie. 

Les spécialistes ayant participé à l’étude ont estimé que:

• La e-cigarette est une aide temporaire utile pour arrêter de fumer. Cependant, la personne fumeuse devrait, une fois l’arrêt du tabac consolidé, avoir comme objectif l’arrêt de l’e-cigarette. 
   
• Ces personnes fumeuses devraient se voir proposer à la fois des traitements pharmacologiques et la e-cigarette, avec des explications claires sur les avantages et les inconvénients.
  Pour ce faire, les spécialistes doivent être formé∙es pour fournir des informations ainsi que des conseils médicaux et techniques sur l'utilisation de la e-cigarette (dose de nicotine, type de liquide, résistance électrique, etc.). 
   
• La e-cigarette peut être utilisée en combinaison avec des substituts nicotiniques. 
   
• La e-cigarette peut être recommandée dans les situations où il existe un risque de rechute, comme lorsque l'on sort en présence d'autres personnes qui fument.

Retrouvez les résultats complets dans la publication. 

Une base pour former, orienter et décider

Ces résultats offrent des points de repère pour les spécialistes de l’arrêt du tabac. Ils permettront l’élaboration de recommandations cliniques et la conception de formations adaptées. 

Le processus de consensus utilisé pour parvenir à ce résultat contribue par ailleurs à réduire les divisions au sein de la communauté de santé publique. Il permettra aussi aux décideuses et décideurs politiques de prendre des décisions en connaissance de cause. 

Référence

Lüthi, E., Velarde Crézé, C., Lebon, L. et al. Electronic cigarette for smoking cessation: a fast-track Delphi consensus of French-speaking experts. Arch Public Health 83, 260 (2025), https://doi.org/10.1186/s13690-025-01725-x 

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