La résistance aux antibiotiques est une menace globale, avec plus de 30 000 décès attribuables et 800 000 années en bonne santé (DALYs) perdues en Europe. Les taux croissants de résistance, causés une utilisation abusive des antimicrobiens, entraine la nécessité de leur utilisation plus parcimonieuse (AMS, antimicrobial stewardship ou épargne des antibiotique). L’épargne antibiotique peut prendre diverses formes, comme la formation des médecins à la communication, des recommandations (guidelines) sur le traitement antimicrobien, des outils d’aides à la décision, des tests diagnostiques rapides, ou des incitations financières. Représentant près de 90 % de toutes les prescriptions d'antibiotiques en Suisse, les soins ambulatoires, en particulier la médecine de famille (médecins généralistes, pédiatres et dentistes), sont une cible capitale pour la mise en œuvre d'interventions d’AMS. Les infections respiratoires sont le diagnostic comportant le plus haut pourcentage de prescription antibiotiques inappropriées, et sont donc un objectif capital en AMS. Cependant, le manque de temps, les croyances des patients et les médecins, ou la complexité des recommandations (guidelines) peuvent entraver la mise en œuvre de ces mesures protectrices des antibiotiques chez les médecins de famille suisses.
La Stratégie suisse sur la résistance aux antibiotiques (StAR) coordonne et promeut les interventions d’AMS dans le domaine humain, animal et agricole. Les perspectives des médecins de familles n’ont été que partiellement explorées dans le développement de nombre de ces interventions. Afin de promouvoir des interventions adaptées à leur public cible, il est donc nécessaire d’investiguer si les principaux acteurs concernés ont connaissance de ces outils et sont satisfaits de ces interventions. Cette étude vise donc à évaluer les perspectives des médecins de famille sur différentes interventions d’AMS pour les infections respiratoires, dans le but de préserver ainsi l’efficacité au long terme des agents si précieux que sont les antibiotiques.
Cette étude explore la connaissance, l’acceptabilité, la faisabilité et la pertinence des différentes interventions d’AMS disponibles dans le paysage suisse : sources informatives sur l’utilisation appropriée des antibiotiques, outils d’aide à la décision partagée, algorithmes décisionnels, guidelines nationales, feuilles informatives pour patients, cours de formations à la communication, comparaison des prescriptions antibiotiques par rapport aux pairs, ou l’utilisation de tests rapides. Elle prend la forme d’un sondage en ligne, anonyme, trilingue, et d’envergure nationale, ayant pour population cible tous les médecins de famille de Suisse. Les objectifs de l’étude sont 1) d’analyser quelles interventions d’AMS sont utilisées par les médecins de famille cherchant à mettre à jour leurs connaissances en matière d’une utilisation plus appropriée des antibiotiques, 2) d’évaluer la connaissance, l’acceptabilité, la pertinence et la faisabilité de plusieurs interventions d’AMS visant spécifiquement les le traitement antibiotique des infections respiratoires en milieu ambulatoire, 3) de quantifier l’utilisation de tests de laboratoires et de tests rapides réalisés dans les cabinets de médecine de famille en suisse, 4) d’explorer les attentes des médecins de famille concernant une intervention d’AMS aidant réellement à une utilisation optimisée des antibiotiques.
En conclusion, cette demande de bourse vise à soutenir une étude essentielle visant à évaluer et améliorer les pratiques d’AMS auprès des médecins de famille en Suisse. En soutenant cette recherche, la bourse contribuera non seulement à l'enrichissement des connaissances sur les pratiques d'utilisation des antibiotiques, mais également à l'identification de stratégies efficaces pour promouvoir une utilisation optimisée des antibiotiques chez les médecins de famille suisses. En investissant dans cette étude, nous investissons dans la préservation à long terme de l'efficacité des antibiotiques, une ressource médicale cruciale, et dans la promotion de la santé publique.
