Prévention du cancer de la peau : pertinence des messages de prévention de la Ligue vaudoise contre le cancer

Abstract

Introduction
La Ligue vaudoise contre le cancer (LVC) mène, entre autres activités, des campagnes d'information et de sensibilisation afin de prévenir les risques de développer un cancer. L'une de ces campagnes porte sur la prévention du cancer de la peau.
L'incidence du mélanome est en constante augmentation et la Suisse est le pays d'Europe le plus touché par ce type de cancer, avec la Norvège. C'est la prévention primaire qui se montre la plus efficace pour prévenir ce type de cancer, mais dans un contexte sociétal où le bronzage et les représentations qui lui sont associées restent souvent connotés positivement, il est difficile de connaître la portée et le degré d'application des messages de sensibilisation.
Sur ce constat, la LVC a mandaté l'IUMSP afin d'évaluer la pertinence des messages préventifs qu'elle délivre.
 

Méthodologie
Afin de répondre aux questions de recherche, une méthode exploratoire et qualitative a été privilégiée. La récolte des données s'est principalement faite par l'intermédiaire des groupes de discussion (focus groups) : 4 focus groups, structurés par âge (18 à 25 ans et 26 à 40 ans) et par sexe, ont été organisés et une analyse thématique menée sur les retranscriptions de ces discussions.
Une séance de restitution des résultats de l'étude a été organisée avec différents experts - des représentant-e-s de la LVC (responsables et bénévoles), de la Ligue suisse contre le cancer et du CHUV - afin de susciter une discussion autour de la résonance des résultats pour les personnes présentes et d'élaborer ensemble des recommandations afin d'adapter si besoin les messages de prévention de la LVC.
 

Résultats
Les participant-e-s aux focus groups connaissaient bien les différentes formes de protection possible contre les effets du soleil, ainsi que les moments ou les situations où le soleil est le plus dangereux, mais ces connaissances ne conditionnent pas nécessairement la protection.

La perception des risques et par conséquent le type de protection éventuellement nécessaire semblent être établis en fonction d'une logique typologique. En d'autres termes, les participant-e-s opèrent une classification des situations où le soleil peut être dangereux et/ou des situations où ils/elles considèrent qu'ils/elles doivent s'en protéger. Les choix en matière de protection solaire relèvent également d'une recherche d'équilibre ou de compromis entre une prise de risque excessive et une protection permanente et restrictive.

De manière générale, le soleil et par association le bronzage étaient connotés positivement par les participant-e-s à l'étude. Les représentations positives ou négatives du bronzage dépendent du contexte dans lequel ce dernier a été obtenu. En effet, les participant-e-s faisaient une différence entre un bronzage pas trop prononcé et obtenu " sans faire exprès " au travers d'activités extérieures, et un bronzage obtenu en s'exposant dans l'optique de bronzer ou grâce au solarium. La première façon d'obtenir le bronzage est connotée naturelle et davantage approuvée que la deuxième.
Il est ressorti de la séance de restitution des résultats une série de pistes pour nuancer les messages de prévention afin de les aligner davantage sur les valeurs et représentations de la population :

  • Dans la mesure où la protection solaire était souvent associée dans l’esprit des participant-e-s à l’absence totale de bronzage - message peu recevable - il serait utile d’adapter les messages en soulignant les aspects positifs de la protection et en adoptant un discours plus basé sur la modération que sur la restriction.
  • Selon le langage utilisé, un message trouvera plus ou moins d'écho dans la population: parler des dangers des coups de soleil - déjà évoqués en première ligne - en les associant à la notion de brûlure plutôt que de bronzage ; distinguer le mélanome des autres "cancers de la peau" afin de démarquer son caractère grave.
  • Au-delà la sensibilisation de la population même, on distingue la valeur ajoutée à adopter une approche de promotion de la santé plus différenciée en visant, à titre d'exemple:
    • une meilleure formation des multiplicateurs/trices, par exemple, en renforçant la prévention dans les écoles par une meilleure sensibilisation à ces questions au moment de la formation des professeur-e-s (de sport, de science…);
    • l'établissement de partenariats : avec les commerces pour la promotion des habits anti-UV; avec les écoles en mettant en place des mesures du type label de qualité; avec les communes pour la provision des endroits de repos à l'ombre.