Contaminations des sols aux dioxines dans la région lausannoise – exposition de la volaille et résidus dans les denrées alimentaires

Abstract

Les dioxines (polychloro-dibenzo dioxines - PCDDs) et furanes (polychloro-dibenzo furanes - PCDFs), sont une famille de molécules organochlorées aromatiques dont l’origine primaire de leur émission sont les processus industriels demandant un procédé de combustion. Ces composés étant très lipophiles, stables et peu biodégradables, ils vont s’accumuler dans les tissus graisseux. Pour cette raison, l’alimentation est la principale source d’exposition aux PCDD/Fs de notre environnement quotidien.

Suite à une contamination aux PCDD/Fs sur une large étendue de la région lausannoise, un premier rapport a évalué le risque de différents scénarios d’exposition. Il a été mis en lumière que les poulaillers présents sur les terrains contaminés pouvaient représenter un risque de contamination par l’ingestion d’oeufs contaminé aux PCDD/Fs. Les poules qui picorent sur un terrain contaminé ingèrent du sol. Les dioxines absorbées par les poules se retrouvent dans leur masse graisseuse et sont éliminés par les oeufs.

Les objectifs du mandat étaient d’évaluer les concentrations attendues dans les oeufs en fonction des concentrations dans le sol. Nous avons ajusté un modèle toxico-cinétique des PCDD/Fs chez la poule pour évaluer la sensibilité des différents paramètres. Afin de valider le modèle, nous avons pris les échantillons d’oeufs et de sol de cinq poulaillers sur les communes contaminées. En comparant le modèle avec les concentrations mesurées, on remarque que le modèle est conservateur (tendance à surestimer les concentrations réelles). Une phase d’élimination rapide durant les premiers jours est suivie d’une cinétique de premier ordre. Globalement, la demi-vie est de 50 jours. Après 200 jours, un équilibre est atteint et les concentrations dans les oeufs sont stables.

Les paramètres qui influencent les concentrations mesurées dans les oeufs sont la concentration du sol, la géophagie (quantité de terre ingérée par la poule lors du picotage), l’âge de la poule (ou sa durée sur le sol contaminé) et l’efficacité de ponte. Le paramètre de la géophagie est le plus difficile à prédire.

Afin de limiter les risques sanitaires, il est recommandé de ne pas manger d’oeufs si les poules picorent un terrain à plus de 29 ng TEQ Soxhlet/kg sol. En dessous de cette concentration, il est recommandé de garantir une bonne couverture végétale pour limiter la géophagie et suivant les concentrations de sols de réduire la fréquence de consommation des oeufs.