IMPLEMENT: Facteurs locaux déterminant l’appropriation des indicateurs de qualité des soins par les professionnels de santé dans les hôpitaux, exemple de deux hôpitaux universitaires suisses

Abstract

Dans un contexte d’amélioration de la performance des soins, les systèmes de santé ont développé des dispositifs de management centrés sur des indicateurs de qualité des soins et de sécurité des patientes et patients (IQS). Ces IQS constituent des outils de monitoring de la qualité des soins, d’évaluation des actions d’amélioration mises en oeuvre, et d’information des prestataires et des bénéficiaires des soins. Ils contribuent aussi au pilotage et à la régulation du système et des prestataires de soins. Le management basé sur ces IQS postule que la diffusion publique des indicateurs accroît la transparence et encourage l’amélioration de la qualité dans les établissements de santé. En Suisse, les IQS ont été mis en oeuvre dans les hôpitaux et les cliniques à partir de 2008. Leurs résultats, publiés annuellement par l’ANQ et l’OFSP, visent à «faire des comparaisons transparentes au niveau national. À partir de ces comparaisons, les hôpitaux et les cliniques peuvent développer des mesures ciblées pour améliorer leur qualité». Ces indicateurs, dits «institutionnels», sont relayés au niveau local (départements, services, unités) par de nombreux indicateurs dits «cliniques» ou «locaux» destinés à l’évaluation interne et à soutenir des mesures d’amélioration des pratiques professionnelles.

Ce passage de la politique publique à la pratique clinique ne va pas de soi. En témoigne le déplacement progressif de l’objet de la recherche sur la qualité des soins vers des problématiques d’organisation du travail. En effet, si les premiers travaux de recherche se sont concentrés sur la conception métrologique des indicateurs et l’interprétation de leurs résultats, les études récentes se sont intéressées à l’implémentation des indicateurs dans les établissements de santé. Elles ont ainsi montré l’importance des facteurs organisationnels transversaux tels que la diffusion de la culture, la mise à disposition de ressources techniques ou le leadership. Ces facteurs constituent une étape essentielle pour appréhender la dimension organisationnelle de l’implémentation des politiques qualité à l’hôpital. Cependant, en tant que tels, ils ne sont pas opérationnels. Ces facteurs doivent être précisés par l’analyse des conditions socio-matérielles dans lesquelles les outils s’inscrivent localement.

Ainsi, 10 ans après la mise en oeuvre des IQS dans les hôpitaux suisses et à l’heure de la future révision de la LAMal, le projet IMPLEMENT conduit par Unisanté, qui a été mandaté par deux hôpitaux universitaires suisses, a eu pour objectif de comprendre les usages des IQS, tant au niveau méso (directions) qu’au niveau micro-systémique (professionnelles et professionnels de santé au contact des patientes et patients).