Evaluation de l’espace de consommation sécurisé de Lausanne (ECS) – projet pilote de trois ans. Rapport final

Abstract

Au terme des trois ans de phase pilote, la pertinence et l’utilité de l’espace de consommation sécurisé (ECS) ouvert le 1er octobre 2018 à la Fondation ABS à Lausanne sont confirmées. Les 35’904 épisodes de consommation qui ont eu lieu à l’ECS en deux ans et demi sont autant de consommations qui auraient pu se faire dans de moins bonnes conditions sanitaires et entraîner l’abandon de déchets dans l’espace public.

L’ECS met à disposition des usager·ère·s qui le fréquentent un espace propre, sécurisé avec la présence de professionnel·le·s, contribuant à l’amélioration de leur situation sociale et sanitaire.

Néanmoins une série d’enjeux persistent et appellent à des adaptations. Après trois ans, le nombre d’usager∙ère·s qui utilisent l’ECS sur une base régulière est peu élevé et par ailleurs une partie des usager·ère·s continuent d’utiliser les toilettes de la place de la Riponne pour consommer, y compris durant les heures d’ouverture de l’ECS. Les objectifs de l’ECS en termes d’amélioration des conditions de consommations et d’amélioration de l’état de santé de la population cible ne sont dès lors que partiellement atteints. L’ECS pourrait sans doute attirer encore davantage d’usager∙ère·s, mais cela nécessiterait un travail de sensibilisation ciblée auprès des usager∙ère·s dans l’espace public pour désamorcer certaines idées reçues et rappeler le fonctionnement de l’ECS en tant que prestation de réduction des risques.

La piste d’une offre alternative proche de la Riponne devrait être pensée, en amont, dans le cadre d’une démarche participative avec les usager·ère·s. De plus, une prestation incluant de la pair-aidance devrait être envisagée.

Bien que leur disparition totale soit peu réaliste et ne se vérifie pas dans les villes disposant de SCMR depuis très longtemps, les consommations dans l’espace public constituent un enjeu majeur. L’ouverture d’une SCMR n’est pas une réponse suffisante, elle doit s’accompagner d’une intervention d’incitation à y recourir et s’inscrire dans une réflexion plus large sur le dispositif de prise en charge incluant les quatre piliers.